mercredi 2 novembre 2011

draule

Tiens un texte de 2005 tiré du fond de l'ordinateur :



Plus rien que du vent et les silences d’une âme indésirable et qu’est ce qui me retient d’être drôle, je  ne peux rien et les pieds plantés et encore des mots qui sortent comme une salive amère qui a encore besoin de s’échapper, précoce à mon silence et mon calme qui restaure les ennemis privés, les salles défaites et ne plus rien encore et qu’est ce qui ne nous peut plus je ne sais pas mais les chocs qui me délaissent aux places d’un parking sombre m’abandonnent des verts tendres et des blues qui jazzent et encore une graine d’énergie qui n’arrive pas à sortir et va savoir pourquoi rien et la violence ou qu’elle va sortir, et la force ou elle va jaillir et en attendant rien de tout ça que de l’ennui, du désagrément et record encore une journée sans et pourtant les sirènes résonnent tout est inhibé et les alertes redoublent et rien ne rien et pouet un peu de joie qui sort d’une boîte à os, et où ça se passe je ne sais  et que du bidon bidouille crapuleuse, geignard et un p’tit cul qui me ferait du bien ça suffirait à mon bonheur, du moins celui animal, le reste je le garde pour ceux-là qui tracent et par devant nous la lumière et un accroc non et du vide et je m’essouffle pour me vider encore une fois, pour supporter ne plus supporter vivement que tout, tout ça soit insupportable pour de bon pour en finir une bonne fois pour toute et que ne restent plus que ceux qui comptent qui content mon monde et rappent les autres comme du gruyère de mauvaise condition, pas celui de vache folle. Et il n’y a pas beaucoup d’instant où on peut se livrer au silence et ne pas savoir les limites d’une contraignante clarté, d’un dimanche qui exaspère les pieds pris sous une table vocifératrice où les assiettes dans leur laideur d’afficher un prix ne sont même plus une issue pour affronter les regards des morts qui vous entourent et qui voudraient vous entendre encore une fois, et ce n’est pas ça que vous avez voulu, non ce n’est pas ça que vous avez laissés entendre, non ce n’est pas ça que vous avez pleuré à gorge déployé : mon silence, mon gage d’indépendance ma capacité à vous échapper à gagner encore une encolure pour respirer un p’tit rien d’air, celui la que vous ne savez plus sentir, celui la par lequel je vous échapperai, mon silence pour vous épargner le couperet des mots, car je ne m’abaisserai plus à vous faire mal, les mots trop faciles pour ça, et moi maintenant j’ai choisi mon camp, celui de la peau qui vibre, même seul, le capillaire voyez vous, les pores, les microcosmes organiques comme refuge à l’agression de votre néant, mais qu’est ce que vous attendez de moi, je n’ai rien à vous donner puisque vous n’avez rien à partager, je garderais tout pour ceux qui seront capable de le recevoir, ce tout, ce trop plein de toute façon, ce grisant point de vue où tout vous apparaît en décalage, les livres, les meubles, les draps salis par les corps, les odeurs féminines émasculées, le saucisson négligemment posé dans un angle de 27 degré sur la planche à découper, mais qu’est ce que ça fait ici tout ça je me suis demandé, ce n’est pas dans l’ordre du monde de laisser tout ça comme ça, accordons-y attention à ses petits détails qui s’étendent autour de nous, les encore vivant, n’oublions pas que nous sommes responsables de toutes ces erreurs et avant les ministres, et autres fantômes sur qui nous rejetons la faute c’est tellement plus facile et qu’est ce que c’est confortable tout est du, tout est la faute de la grande institution, c’est elle notre grand inquisiteur favori, celui par qui tout est arrivé, mais oui, on peut crier manifester grêver courir mourir chaque jour manger des saucisses frites en discutant du nouveau clivage, voilà, mais le monde concret on l’oublie on le délaisse et les odeurs qu’on produit et les lettres mal déchirées et les saucissons mal découpés, on les oublie, et les livres qu’on aurait du lire, et ceux qu’on a lu pour ne pas avoir l’air, et le reste aussi on oublie, c’est plus facile, la mort quotidienne est plus douce, les cachets du docteur on meilleur goût, le tarif du psychiatre prend du sens, la haine de celui qui vous a pris la place vous donne des ailes, mon silence vous jalouse, vous n’espérez plus vous réveiller et autour de moi je les compte ceux qui respirent, c’est à dire qui rigolent, c’est à dire, ceux qui imperceptiblement décollent du macadam quand je les téléscope, et l’orbite centrifuge nous accélère dans le plaisir du vivant, de l’échange, et nourrir et apprivoiser ces moments là leur donner leur durée parce qu’elle a son importance, oh oui, et pour le reste, toute sortie vers le monde organisé est bien douloureuse, tout retour au supermarché, assedic, poste, banque, commerçant charcutier, artisan productif, artiste prolixe, tout ces retours sont dangereux car chaque fois le sans-retour nous guette, nous qui savons, mais bon, ne cachons pas notre petite fierté, à gagner ces petites batailles, à se prouver qu’on aime, qu’on peut aimer, et ne cachons pas notre espoir de rencontrer de nouvelles têtes, encore, et de temps à autre…

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