mardi 6 décembre 2011

Journal de Galère

"Tout ce que le public salue avec joie comme les signes distinctifs d'un écrivain - ses tournures, les méandres de sa pensée, ses épithètes caractéristiques, sa prégnance reconnaissable entre toutes, la musique incomparable de son texte, et donc tout ce qu'on appelle "son style" - est pour l'écrivain un joug amer, un boulet dont il veut se libérer et qui le tire d'autant plus vers le bas."
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Imre Kertész a beau nous dire que "de même que les traits du visage, l'écriture vieillit vite", on peut trouver des résonnances à l'actualité dans ce "Journal de galère" écrit de 1961 à 1991 : "J'ai toujours eu une vie secrète, et c'était toujours celle qui était vraie" ou "Aujourd'hui, le fiasco est la seule expérience qu'on puisse vivre." Bref un ouvrage antidote qui en se plongeant dans la distanciation au monde social de l'écrivain dans son journal, vient réveiller ce "à fleur de peau", cette irritation de l'agit médiatique qui nous renvoie à une propagande que Kertész a éprouvé. Dans cette galère, on puise de la force, et on se nourrit, et sans prétention qu'il nous fasse réfléchir, il nous aide à ne pas fléchir. Essentiel, non ? Exemple : "Il est toujours très gentil avec moi, mais il n'oublie jamais de me rouler".
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"Non pas la vérite, mais la recherche de la vérité. Non pas l'image, mais l'imagier. Non pas la victoire, seulement la lutte. Non pas l'oeuvre, mais l'existence.
L'oeuvre d'art formée de manière immaculée n'est à la fois plus et pas encore d'actualité. 
Qu'est-ce que la forme ? La brèche la plus étroite à travers laquelle nous devons faire passer notre vastitude tout entière pour la sauver."

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